L'impact d'une stratégie de culture préventive sur les plantes et l'environnement

Kirsten Leiss présente les effets d'une culture durable sur la santé et la vitalité des végétaux. Quel est l'impact environnemental d'une plante résistante ? Qu’est-ce que cela signifie pour la stratégie de culture ? Et quel est le rôle des producteurs, scientifiques et fournisseurs à ce sujet ?

Madame Kirsten Leiss, docteure et chercheuse Senior auprès de la Wageningen Universiteit & Research aux Pays-Bas, porte un regard novateur sur ce sujet. Dans cet interview, elle décrit tout d'abord le système de défense des plantes. Un point important car cela influe sur leur résistance et leur vivacité et également sur la culture durable.

Le système de défense d'une plante

Madame Leiss commence l'entretien en expliquant le système de défense de la plante : « Une plante ne peut pas se déplacer en cas d'agression, et son système de défense est donc bien différent de celui des autres organismes vivants. Certaines plantes produisent des anticorps les rendant moins attirantes pour les bactéries ou les ravageurs ou émettent des substances volatiles pour éloigner les organismes intrusifs et pour attirer les auxiliaires utiles naturels. Certaines plantes développent des piquants, des aiguilles, des poils ou une épaisse couche cireuse. »

L'homme, le protecteur

Au cours des dix dernières années, nous avons commencé à aider les plantes à lutter contre les maladies et les ravageurs. Nous avons utilisé avec succès des pesticides. Mais n'avons-nous pas perdu de vue le système naturel de défense des plantes ? Et lors de la sélection de nouvelles variétés, n'avons-nous pas porté une trop grande attention aux qualités ornementales et non à la résistance des cultures ? Ne devrions-nous pas oser une approche différente de la simple approche réactive ?

Comment renforcer la résistance des plantes?

En tant que chercheuse Senior, madame Leiss a conduit de nombreuses études sur le comportement des plantes et leurs réactions aux maladies. Elle est d'avis que les producteurs doivent passer d'une approche réactive à une approche proactive. « En luttant préventivement contre les maladies et en portant une attention plus soutenue à l'égard de la résistance de la plante, vous produisez une plante saine et résistante et d'une qualité supérieure, avec pour résultat moins de pertes et des cultures plus durables à l'égard de l'environnement. Pour parvenir à cela nous devons plus mettre à profit le système naturel de défense de la plante. »

« Le mildiou se développe pendant 10 jours dans la serre avant de devenir visible. Une approche préventive vous permet de réduire la propagation du mildiou ».

Quelles sont les difficultés que présente la modification d'une stratégie de culture ?

Cette approche impose une attitude différente de la part des producteurs. « Ils ne peuvent plus avoir une attitude attentiste », poursuit madame Leiss. « Les producteurs doivent beaucoup mieux réfléchir aux mesures qu'ils vont entreprendre. Quelles cultures et variétés sélectionner, quelle stratégie de protection des cultures appliquer et comment assurer un microclimat optimal ? Une approche intégrée de différentes manières de protection des cultures s'impose (IPM). Ils devront également surveiller étroitement la croissance des plantes, afin de pouvoir intervenir à temps et savoir si la nouvelle stratégie a des effets bénéfiques ».
Cette stratégie peut s'avérer un défi instructif, mais aussi contraignant. Kirsten Leiss est consciente que cela constitue parfois un problème pour les producteurs. « Vous devez gérer des plantes vivantes, des maladies et différentes options de protection des cultures qui doivent cadrer aux exigences d'une culture spécifique. Il est donc très difficile de mettre en place une stratégie de culture efficace. De bonnes et nombreuses connaissances s'imposent. Le partage de connaissances et une coopération régulière entre les différentes parties sont également essentiels ».

Qu'est-ce qu'une stratégie de culture préventive ?

Mme Leiss pense qu'une stratégie de culture préventive repose sur trois piliers de base : la sélection de cultures résistantes, l'utilisation d'une protection biologique et physique des cultures et la création d'un microclimat favorable.

Cultures résistantes

« Les producteurs doivent sélectionner des plantes en fonction de leur résistance aux maladies. Cela constitue une excellente base et facilitera la culture de plantes saines et résistantes. Jusqu'à ce jour, les souhaits du consommateur (préférence esthétique, durée de conservation et potentiel ornemental) étaient le critère de sélection principal. De l'avis de la chercheuse, une plante résistante est une base essentielle pour une stratégie de culture préventive.

Protection biologique et physique des cultures

Le deuxième facteur cité par Mme Leiss est : « La protection biologique et physique des cultures, un maillon clé pour une stratégie de culture préventive. Dans la protection biologique des cultures, les auxiliaires utiles naturels sont utilisés pour lutter contre les maladies et les ravageurs. En outre, l'utilisation régulière de lampes UV-C contre les spores fongiques, est une mesure proactive prometteuse et un exemple de protection physique des cultures ».

Microclimat

« En dernier lieu, un microclimat adéquat garantissant une température et un taux d'humidité favorables aux plantes est également très important. Il faut viser à un climat ambiant idéal pour les plantes et le plus hostile possible pour les maladies et les ravageurs. Un facteur très complexe qui se joue sur les détails ».
Sur ce dernier point, chez ErfGoed, nous sommes continuellement à la recherche de solutions. Le climat est dorénavant surtout déterminé dans la partie supérieure de la serre. Le sol de culture doit également être étudié.

Recherche sur les biostimulants

À l'intention des producteurs, Mme Leiss ajoute une remarque sur les biostimulants, qui tiennent également un rôle dans une stratégie de culture préventive visant à stimuler la résistance des plantes. « Différentes sortes de biostimulants sur le marché arrivent sur le marché. Ces biostimulants ont des effets et des résultats bien différents selon les conditions. Les scientifiques ont un rôle à jouer à ce sujet. Ils doivent apporter aux producteurs les outils et connaissances nécessaires pour utiliser les biostimulants dans des conditions optimales et à bon escient. Ils doivent par exemple expliquer que tel ou tel biostimulant est efficace pour la culture de jeunes plantes potagères dans des conditions peu humides ».

Quel est le lien entre une plante résistante et une culture durable ?

Une plante résistante et saine est bien moins vulnérable aux maladies et aux ravageurs. Une telle culture permet de réduire considérablement la pulvérisation de pesticides nécessaire et de renforcer la qualité des plantes. Elle s'inscrit dans une stratégie d'agriculture et d'horticulture durables à faible impact environnemental.

Quelles mesures les producteurs doivent-ils prendre ?

Selon Mme Leiss, les producteurs doivent procéder par petites étapes. « Il leur faut tout d'abord cartographier et relever la situation et les conditions réelles existantes. Ensuite, vous devez déterminer les nouvelles cultures que vous souhaitez introduire pour une nouvelle stratégie de culture. Il faut ensuite prendre des petites mesures pour optimiser la stratégie de culture.

Il est également recommandé de consulter des chercheurs. Cette coopération permet d'associer l'expérience pratique des producteurs aux recherches scientifiques et conclusions des chercheurs. Au cours de nos essais, nous procédons aux premières étapes permettant ensuite aux producteurs de mettre en pratique les résultats obtenus. Sur la base de l'expérience pratique des producteurs, nous pouvons optimiser les processus jusqu'à parvenir à la solution optimale et efficace. Parvenir à la solution la plus efficace exige du temps. Nous vous recommandons donc de nous informer en temps utile si vous souhaitez faire procéder à une étude ».